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Il eût fallu un autre gouvernement, Chronique du Prof. Roger Gbégnonvi

CHRONIQUE

Il eût fallu un autre gouvernement

Il faut souhaiter ardemment que ne prospèrent point l’intention du gouvernement d’introduire tant soit peu l’intendance militaire dans l’administration béninoise et l’autre intention qu’on lui prête de solliciter l’armée pour régler son litige avec les syndicats. Ce serait mépriser la démocratie et s’apprêter à la renier que de se laisser aller à une alliance, qui finira inévitablement en eau de boudin ou en nœud de vipères. Mais il n’y a pas de fumée sans feu, et les deux intentions susdites seraient la preuve du soupçon d’inefficacité originelle dont beaucoup de Béninois affligent le premier gouvernement du second quinquennat du Changement. Parmi les exemples disponibles on n’en citera que trois à l’appui de ce soupçon.

Les deux ministres d’Etat, présents depuis les origines, avaient besoin d’un rajeunissement symbolique pour ne pas paraître usés et inutiles. On changea donc une énième fois de dénomination au premier. Mais on lui chargea l’aile de tant de plomb que c’est à faire pitié. Et quand les Béninois commenceront à demander à haute voix à quoi sert le premier ministre, on pourra le leur sacrifier en jurant tous les dieux qu’un tel dénouement n’avait jamais été envisagé et préparé par des officines spécialisés. Du côté du second ministre d’Etat, l’immobilisme est exemplaire : le même titre dans le même fauteuil sans hauts faits de guerre, ni passés ni à venir. Un simple haussement d’épaule pourrait donc sanctionner le maintien de ces deux ministres à durée illimitée. La sémillante Ministre de la Justice a été apparemment requise pour faire bénéficier le gouvernement de sa notoriété personnelle. Mais c’est oublier que tout ministre perd des plumes simplement à être ministre et que le ministre porte-parole en perd plus que les autres parce qu’il ne porte pas que des paroles joyeuses. Les plumes perdues par la Ministre de la Justice dans l’exercice de sa double fonction ne profiteront évidemment pas au gouvernement. Tant et si bien qu’à vouloir profiter de sa notoriété, c’est sa notoriété qui sera usée et inutilisable, et le blason du gouvernement n’en sera pas redoré. Le troisième et dernier exemple est le regard, non pas attentif mais attentiste, que le peuple, dans son ensemble, porte sur le premier gouvernement du second quinquennat. En dehors de l’autre sémillante, celle de la micro-finance, devenue soudain comme absente et aphone, le peuple attend de savoir qui sont exactement les autres ministres, qu’il ne connaissait pas spécialement, d’où ils viennent et, surtout, ce qu’ils peuvent faire à la place où ils sont placés.


Au total, ce gouvernement suscite, au mieux, l’indifférence : rien à signaler, circulez. On voudrait bien circuler dans l’indifférence, mais il se trouve que, outre les problèmes d’actualité, qui sont nombreux et demandent des solutions immédiates, ce gouvernement hérite de deux cadavres et d’une gigantesque crapulerie financière. M. Dangnivo et Mme Agbossou sont morts. Paix à leur âme. Mais ils sont morts assassinés, et le peuple attend que le gouvernement retrouve et juge les commanditaires et les exécutants de ces deux assassinats, pour démontrer qu’il assure effectivement notre sécurité et que l’impunité n’aura plus droit de cité au Bénin. Il paraît que les promoteurs de ICC-Services sont en prison. Mais à quand leur procès, et comment rembourseront-ils, cahin-caha, les milliers de Béninois qui leur auraient confié une fortune à hauteur de cent milliards francs CFA ? C’est encore au gouvernement de répondre à ces deux questions pour démontrer qu’il assure effectivement notre sécurité et que délinquance et criminalité financières n’auront plus droit de cité au Bénin.


Or notre actuel gouvernement paraît tellement terne que le peuple, au service de qui il est, a des doutes sur son efficacité et préfère le regarder, non pas de haut (ce serait méprisant), mais à distance. Oui, l’on note aujourd’hui comme une méfiance du peuple à l’égard de son gouvernement, et l’on entend parfois une rumeur s’élever et dire qu’il eût fallu un autre gouvernement que celui-là pour les nombreux problèmes de l’heure en ces temps difficiles pour tous les pays. Il revient au chef de l’Exécutif de prendre au sérieux la rumeur populaire et de prendre ses responsabilités pour que le Bénin avance. Et puissent ses conseillers le dissuader de toute tentation militariste. A chacun son métier, et le Bénin sera bien gardé.

(Par Roger Gbégnonvi)



20/07/2011
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