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Kadhafi : suite et fin

Le faux est vieux comme le monde. Il pousse, se régénère et prospère sur toute la terre. Le faux vient de s’illustrer grandeur nature en Libye. Il a maquillé en une action humanitaire l’intervention de puissances  militaires extérieures. Il a transformé les récriminations, bien souvent  légitimes, de milliers de Libyens  en une rébellion.  Au point où les insurgés du jour, ont ignoré ou ont oublié que leurs sauveurs supposés d’un jour sont et restent leurs exploiteurs de toujours.


Qu’écriront-ils les historiens qui reprendront demain à leur compte le dossier libyen ? Les passions d’aujourd’hui se seront apaisées. La logique actuelle des intérêts se sera dissipée. Avec la sérénité qu’offre la distance, les historiens écriront la chronique d’un faux monumental. Pourquoi ?
Toutes les parties impliquées, de près ou de loin, dans le dossier libyen, se sont laissées prendre au jeu, s’étant retrouvées chacune, à une place, dans un rôle, autour d’un  cocktail géant. Un cocktail de mensonges malicieusement entretenus, de calculs cyniquement mijotés, de combines savamment échafaudées. Osons le dire et le montrer, le dossier libyen est à l’image d’une termitière montée de toute pièce. Avec des termites artificiels, les uns et les autres étant programmés pour légitimer le faux. Il s’agit, en effet, de faire accepter au monde extérieur le crédo simpliste et simplificateur selon lequel un dictateur doit mourir pour que le peuple libyen renaisse à la liberté, dans une Libye unie et prospère. Egrenons, à présent, ce chapelet de faux, en nous arrêtant sur quelques uns de ses grains de mensonges.
Kadhafi dictateur ? C’est à croire que l’Occident l’a découvert sur le tard. Après que M. Sarkozy eut déroulé le tapis rouge à l’Elysée  à un dictateur.  Après que M. Berlusconi se fut empressé d’aller rendre visite à Tripoli à un dictateur. La vérité, c’est que le sort de Kadhafi était scellé depuis longtemps. Pour avoir défié l’Occident, l’homme était programmé pour payer tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre. Il ne restait plus qu’à trouver la bonne occasion pour noyer son chien en l’accusant de rage. C’est désormais fait.
La légitimité d’une agression ?  On vous dira que l’OTAN, le bras armé de l’Occident, était dans son rôle en Libye dès lors  qu’il bénéficie de l’aval des Nations Unies.  Si la raison du plus fort est toujours la meilleure, décréter la légitimité d’une agression ne relève que d’une simple formalité. Cela fut fait au nez et à la barbe du monde entier. Toutes choses égales d’ailleurs, c’est la Libye qui est, aujourd’hui, frappée. A qui le tour, demain ? Car cela n’arrive pas qu’aux autres.
L’absence de l’Afrique ? Que voulez-vous qu’il fasse celui qui n’a été jamais présent nulle part. Que voulez-vous qu’il dise celui qui n’a rien à dire. Les grimaces de la Commission de l’Uni­on africaine ou le one man’s  show  du chef de l’Etat sénégalais à Benghazi  ne pouvaient exprimer ou valoir la réaction d’un continent  agressé en sa partie libyenne. La vérité, c’est que l’Afrique a joué Kadhafi non à pile ou face, mais à pile et à face. A pile, pour tirer le maximum de profit d’un dirigeant généreux en pétrodollars. A face, pour tourner les talons, partir dès le premier coup de feu, abandonner à son triste sort celui dont on n’attend plus rien. Comme on le voit, entre l’Afrique et Kadhafi le faux a été la règle et la  sincérité, l’exception.
Kadhafi, le champion du panafricanisme, des Etats-Unis d’Afrique ? Tout le monde semble oublier que ce fut par défaut que Kadhafi a privilégié l’Afrique et a fait de l‘Uni­on africaine l’axe central de sa politique africaine. Son rêve de réunir le monde arabe sous son leadership ayant échoué, il s’est tourné vers le continent et s’est autoproclamé  le Roi des rois d’Afrique. En  attendant de se faire le Président  de toute l’Afrique. A coups de gros moyens mobilisés. A coups de beaucoup d’argent dépensé.  Sans que l’on puisse dire que ce fut pour sa propre gloire ou pour le bien de l’Afrique et des Africains.
Sortons de ce marigot de faux dans lequel tout le monde a pataugé gaiement. On ne saurait enfermer l’avenir d’un pays dans les limites du destin d’un homme. Trêve de spéculations. Kadhafi est mort. S’il était porteur d’une idée qui vaut d’être exaltée, défendue et illustrée, il appartiendrait à l’avenir de le dire. Car on ne tue pas une idée.


La Chronique de Jérôme Carlos



25/10/2011
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