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Présidentielle : les visages d'un combat

Rude bataille que celle d'une élection présidentielle. Nous venons d'en avoir la preuve. On doit compter avec le temps. On doit s'adosser à des capacités humaines exceptionnelles. On doit mobiliser des ressources colossales et prendre le parti du succès. C'est clair : farfelus, s'abstenir, amuseurs publics, dehors !

Patrice Talon, au terme de ce bras de fer, terrasse Lionel Zinsou. Ce sont-ils trouvés, par hasard, dans ce round final, dans ce face à face de vérité ? L'un a autant de mérite que l'autre. Tous les deux illustrent, chacun à sa manière, ce que se battre veut dire. Le rideau va définitivement tomber sur la présidentielle 2016. Belle occasion pour réfléchir sur le dur combat que nous venons de vivre.

Retenons que le combat, c'est la vie. Il s'agit presque toujours d'une histoire vivante qui confronte des vivants. Qui tombe au combat ne compte plus au nombre des combattants. Il se compte comme une victime. L'une parmi des centaines, voire des milliers d'autres. On se bat donc pour préserver la vie, pour vivre. Qui se laisse vivre sans combattre, parodiant Racine, c'est celui-là qui se livre en aveugle au destin qui l'entraîne. Jusqu'où ? Jusques à quand ? Nous affirmons, par conséquent, que la présidentielle 2016 que nous venons de vivre, est un hymne des vivants à la vie. Des vivants qui veulent continuer de vivre. Des vivants qui veulent continuer de faire vivre leur pays.

Le combat, c'est une école. Si, comme nous le montrions, le combat, c'est la vie, on peut bien admettre, sans risque d'être contredit, que le combat c'est aussi l'école de la vie, ou plus précisément, une des facettes de cette école. On apprend toujours quelque chose d'un combat. Nul ne sort de la forge d'un combat sans avoir conquis les "armes miraculeuses" dont parlait Césaire, les armes de sa propre libération.

Les Béninois auront au moins appris que trente-trois candidats à une élection présidentielle, dans un pays d'à peine 10 millions d'âmes, c'est de la foutaise. Cela tourne au vaudeville. Les Béninois auront également appris que leur pays est en train de pourrir de l'intérieur par l'argent corrupteur. Pourquoi faisons-nous litière des bonnes idées qui construisent ? Pourquoi jetons-nous par-dessus les moulins des valeurs fortes qui édifient ? Les Béninois auront enfin appris qu'ils se laissent souvent prendre au piège des mots. Du changement à la refondation, de la continuité à la rupture, nous tournons en rond dans un désert d'idées. Plus grave, nous sommes frappés par une sorte d'anomie, c'est-à dire une absence totale d'organisation autour des coquilles désespérément vides. Nous pouvons entendre d'ici les cris désespérés de nos parents de Hogbonou : "Nou tata ma non ta". On n'allume pas le feu avec des braises éteintes.

Le combat, c'est une thérapie. Quand nous sommes rassasiés ou quand nous avons bu jusqu'à plus soif, nous cédons volontiers à notre péché mignon qui n'est, en vérité, qu'une grande maladie : le "Gbadé tché djin na bi". Il s'agit de cet égoïsme suprême qui nous emmure dans une prison d'individualisme hautain. Le combat de l'élection présidentielle que nous venons de vivre, a eu sur nous, Béninois, des vertus curatives certaines. A apprécier à l'aune des créations et des productions de nos artistes appelant à la paix. A estimer à l'échelle des paroles fortes, des appels poignants de nos responsables religieux, des représentants de nos institutions et autorités traditionnelles. A estimer sur la foi du travail abattu par la presse nationale en général, par les organisations de la société civile en particulier. Disons-le sans ambages : le combat de la présidentielle aura eu sur nous l'effet d'un exorcisme puissant. Nous avons été libérés de certains de nos démons familiers, dans la conscience soudaine et violente que "cela n'arrive pas qu'aux autres".

Le combat, c'est le repos qui prépare à un autre ou à d'autres combats. On parle bien du repos du guerrier.

Juste pour que celui-ci se refasse. Juste pour que celui-ci reprenne des forces. Juste pour que celui-ci se tienne prêt pour un autre combat. Parce que le combat n'est jamais une destination. Parce qu'un combat ne clôt pas le combat. Parce qu'un combat nous introduit dans le cycle sans fin du combat. Tout combat annonce un prochain combat. Dix millions de Béninois le savent. Leurs voix, pour nous en convaincre, déchirent le ciel au-dessus de nos têtes :" Enfants du Bénin, debout ! Monsieur le Président de la République, au travail !"

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Par Jérôme CARLOS



22/03/2016
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