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Recrudescence de la délinquance à cols blancs: Le présumé escroc de la République valait 45 millions F CFA

Recrudescence de la délinquance à cols blancs

Le présumé escroc de la République valait 45 millions F CFA

Jeune d’environ 30 ans, il se nomme Thomas Nantekoua Dourakoua. Depuis quelques semaines, il lime ses dents contre les barreaux de la prison civile de Cotonou. Là-bas, il apprend à réfléchir autrement à son sort pour être poursuivi du délit d’escroquerie au préjudice de la République du Bénin et… d’un homme d’affaire.


Papiers en-tête et documents à l’effigie des administrations de l’État béninois, signatures et tampons contrefaits de diverses autorités politico-administratives, adresses électroniques ouvertes au nom de personnes assermentées, la liste n’est pas ici exhaustive des moyens matériels et techniques dont le délinquant a pu faire usage dans ses relations avec un homme d’affaire de la région Mono-Couffo. Le montant du préjudice que ce dernier a subi, en un peu plus d’un an et demi de collaboration, selon la victime citée par nos sources, s’évalue à près de 45 millions de francs CFA.
Pour parvenir à ses fins, indiquent nos sources d’enquêtes proches de la police nationale et confirmées par des informations émanant des milieux judiciaires, le sieur Nantekoua Dourakoua Thomas est entré en contact, dès décembre 2009, avec le chef d’entreprises spécialisé dans les BTP (Bâtiments et travaux publics), un certain A. C. A. Notre homme d’affaire, lui-même, désirait tant travailler à la réélection du président Boni Yayi qu’il a pu tomber dans le piège tendu du jeune escroc. Nantekoua Thomas, en fin psychologue, lui qui dit être détenteur d’une maitrise en Sciences économiques –ce qui reste à vérifier- promet au chef d’entreprises de le mettre en rapport avec la direction de campagne du président-candidat. Il s’agissait surtout pour le présumé délinquant d’aider son désormais «protégé» à décrocher des marchés publics dans ce secteur un peu fermé des BTP au Bénin. En contrepartie, A. C. A. consent de lui confier la gestion de ses affaires basées au Bénin, en le nommant Directeur général de sa structure dont le nom commercial est AC Inter. Il faut préciser, à la suite de nos informateurs, que l’entreprise AC Inter dispose de plusieurs branches disséminées dans les pays de la sous-région dont la Côte-d’Ivoire où, le PDG du groupe tire l’essentiel de son chiffre d’affaires.
Pendant longtemps, Nantekoua Dourakoua Thomas aura réussi à se servir des papiers en-têtes et documents frappés du sceau des structures de l’État, de signatures et tampons falsifiés de diverses autorités, d’adresses électroniques piratées de tierces personnes pour adresser des correspondances à son PDG. Comme entre autres, en lieu et place et à l’insu de la directrice de cabinet du chef de l’État ainsi que du Directeur général de la Police nationale.
Il se sert du nom de ce dernier et de celui de l’intendant du palais de la présidence de la République pour concocter un plan visant à faire miroiter à son PDG la possibilité de faire positionner des parents et amis -moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes- au concours de recrutement dans le corps de la police nationale.
Mais très vite, ses manèges ont été découverts lorsque rien de tout ce qu’il promettait n’avaient l’air d’aboutir qu’à soutirer d’énormes sommes d’argent à son PDG, au point de faire battre de l’aile à la structure béninoise du groupe dont il était devenu le gérant. De guerre lasse à espérer d’hypothétiques contrats, A.C. A se confie au commissariat centrale de Cotonou. Et le jeune commissaire de la ville du même nom, Louis-Philippe Houndégnon, dont la perspicacité à démanteler les réseaux mafieux n’est plus à remettre en doute de lancer ses éléments aux trousses de l’escroc présumé. Qui, sans grandes difficultés, est rattrapé dans sa course et passé aux aveux.
Présenté au procureur de la République du tribunal de première instance de Cotonou, il est finalement déposé à la prison civile, où il attend tranquillement le jour de son procès.

La «tête couronnée» qui risque 2 ans de prison

Il y a trois semaines, dame L. Alaza reçoit la visite de sieur Macaire Kotchoni. Se faisant passer pour le roi d’Alafiarou, petit village du nord-Bénin (425 km de Cotonou), proche de Tchaourou (région d’origine du chef de l’Etat) dans le Borgou-Alibori. Paré des plus sérieux attributs des rois de la localité, l’homme, la quarantaine légèrement passée, affichait tout l’air du titulaire désigné du trône.
Présentant le chef de l’Etat comme son «fils», lequel, à ses dires, venait de lui faire don de 35 tonnes de ciment, il sollicite l’assistance financière de dame L. Alaza, en vue du transport jusqu’à Alafiarou du présent reçu du président de la République, Boni Yayi. Sans hésiter et, par considération pour notre «tête couronnée» qui se révélera plus tard une tête bien nue et indélicate, dame L. Alaza lui fit cadeau de 100.000 FCFA. Sur ces entrefaites, le faux roi fit semblant de rentrer sa cargaison de ciment qui n’existait pas, puis de téléphoner 72 heures plus tard, en annonçant à sa bienfaitrice être de nouveau à Cotonou et de vouloir la rencontrer, porteur qu’il serait, d’un message de son «fils, Boni Yayi». En fait de message du chef de l’Etat, le sieur Macaire Kotchoni accompagnés de deux acolytes entendait gruger la dame à nouveau. Cette fois, il lui a raconté qu’en sa qualité d’exportateur de ciment, il avait besoin d’honorer ses engagements commerciaux vis-à-vis d’un client au Niger. Il aurait donc besoin de l’équivalent en argent de 300 tonnes de ciment, soit 25 millions de F CFA. Flairant le coup, dame L. Alaza lui annonce n’avoir pas tant d’argent à lui remettre, séance tenante. L’interlocuteur gênant insiste pour partir avec ce dont elle pouvait disposer, là sur place. D’où vint à l’esprit de la dame de promettre 5 millions FCFA pour, deux jours plus tard. Entretemps, L. Alaza met la puce à l’oreille des flics du commissariat central de Cotonou. Ces derniers mettent en place leur piège.
Le jour J, en embuscade, ils étendent le filet de l’arrestation, en flagrant délit, au moment même où le faux roi allait empocher les sous. Et dans le droit fil de l’instruction de son dossier, le présumé délinquant fut aussitôt présenté au procureur de la République avant de chuter à la prison civile de Cotonou, pour sa comparution devant un tribunal, dans un procès où il risque… 2 ans de prison ferme, rapporte-on.

La Nouvelle Tribune du 10/08/2011



10/08/2011
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