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Chronique

Honteuse inflation!

Le refondateur est à l’épreuve de la résistance de la foule allergique à tout phénomène qui bouscule ses habitudes. La lutte pour la restauration des valeurs est en butte à une obstination massive qui dégrade les escaliers vertueux proposés par le pouvoir ambitieux et enroulé dans l’idéale couverture de la reconversion proclamée depuis le K.O du 13 mars et la chute de la Vieille garde.

L’ascenseur de la refondation subit une absurde bouderie des opérateurs économiques sous un choc incompris d’une nécessaire réforme. Le monde des affaires, jungle dans laquelle s’affrontent lions et renards et toutes bêtes féroces, offre ses impitoyables secousses. Ses épisodes immondes étouffent la nation. Les réformes portuaires et douanières ont en effet mis en boule des opérateurs économiques, décidés à sonner la cloche du chantage. Le recours à l’arme vicieuse de l’inflation artificielle vise à montrer les limites de l’action réformatrice et par conséquent à corrompre une opinion dont la non adhésion à la nouvelle donne fragiliserait le projet gouvernemental. Il est évident que toute réforme présentée, même par ruse comme porteuse de malheur, est vouée à l’échec. La solution affreuse de l’inflation piochée par l’anti réformisme opportuniste, se révèle comme l’une des plus grosses expressions du mal. Les caprices et anomalies observés sur le marché tranchent avec l’hyper activité du refondateur qui multiplie des gestes de bonne volonté dans le sens de la protection du minimum social pour la communauté béninoise. Yayi II, à l’école de Yayi 1er, réitère son mode d’emploi axé sur la politique de proximité et le souci d’extirper le peuple du fond de l’abîme et de la déchéance morale. Yayi enchaîne ses initiatives sur le terrain. Sa descente sur le marché a marqué les esprits en ce moment fatal de l’envolée fantaisiste et ignoble des prix. La rencontre avec les opérateurs économiques, est un symbole d’ouverture assortie de la validation des valeurs consensuelles chères à la République. La tenue de conseil des ministres un dimanche pour l’exploration de l’avenir des réformes et la cure d’ajustements sociaux apportent de preuves supplémentaires de la bonne foi de l’homme de vision. Saisi sans doute par ce que Charles de Brosses appelle "l’amour de la patrie, vertu dominante des grandes âmes", Yayi ne lâche pas la bride.

Mais, toujours pas de contagion du sens de vision, d’abnégation et de cette obsession de progrès dégagée par Yayi dans les réformes. Le monde des affaires a juste mué l’effet Yayi en alibi pour l’escalade des prix en vue de l’usage égoïste de bénéfices. La quête effrénée, maladive et parfois sans pudeur du profit pousse certains à brandir l’apocalypse dans nos marchés. La manœuvre consiste à contourner les réformes et à vivre en sangsue.

Malgré les modalités sociales de la mise en œuvre du Programme de Vérification des Importations (Pvi) et les instructions du gouvernement, les prix coincent en l’air et tutoient le firmament. Les appels de Yayi à la retenue tombent dans des oreilles de cupides portant la cagoule de sourds et roulant à vitesse folle sur les intérêts du peuple.

Nous vivons, dira Jean Amadou "dans une nation où les intérêts supérieurs de l’Etat s’arrêtent aux frontières inférieures des particuliers". Le géant pamphlétaire a de la matière pour son " Journal d’un bouffon ". La situation de dégradation des valeurs et cet asservissement sans normes aux intérêts enflent le dégoût.

Sous l’impact des artifices de commerçants véreux, la réforme secrète pour les populations du jus de citron au lieu du sucre escompté. Sous l’effet de calculs abjects, elle est menacée du destin du château de cartes. Yayi, toujours déterminé, n’a pas abdiqué face à la résolution anti réformiste instinctive du monde des affaires. Il sait qu’il doit tenir le pari du Jamais. "Je ne reculerai jamais" avait-il dit. Notre mémoire est aux aguets.

Par Sulpice O. GBAGUIDI