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Editorial : Yayi et le sens de la famille

La famille est sacrée. En Afrique et particulièrement au Bénin, les liens familiaux sont tellement prononcés qu’il faut en prendre soin au risque de se retrouver sur le carreau. Boni Yayi mieux que quiconque vient d’en donner la preuve. Ils ont été nombreux au sein de l’opinion à afficher leur étonnement lorsque la nouvelle a été rendue publique. Marcel de Souza, l’ex ministre du développement et beau-frère du chef de l’Etat, vient d’être nommé par les soins de celui-ci, président de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Une première pour le Bénin depuis l’octroi de l’indépendance il y a plus d’un demi-siècle. Au-delà de la nomination de Marcel de Souza, c’est une prouesse diplomatique à l’actif du régime finissant.

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En cette fin de mandat mouvementée où Boni Yayi subit une véritable épreuve, il a trouvé refuge dans sa famille. Naguère très proche du président de la République, Marcel de Souza a pris ses distances avec le pouvoir au lendemain de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale intervenue le 19 mai 2015. Indexé comme le principal artisan de l’échec à une voix près du candidat de la mouvance présidentielle au perchoir, Marcel de Souza est sorti de sa réserve et, furieusement, avec l’énergie qu’appelle la fierté en de pareilles circonstances, a craché du feu. De cette sortie médiatique mémorable a surgi un surnom qui lui est désormais attribué : « l’éléphant ». C’est avec ce symbole qu’il s’est présenté à l’élection présidentielle en s’inscrivant dans le camp de la rupture à l’opposé de celui de la continuité incarné par Lionel Zinsou, épaulé par le chef de l’Etat.
Mais avant d’en arriver là, il s’est insurgé contre le choix porté sur le franco-béninois pour défendre les couleurs des Forces cauris pour un Bénin émergent à ce scrutin. Avec Alexandre Hountondji et Karimou Chabi Sika, il a nourri la contestation. En dépit de tout cela, Boni Yayi a quand même jeté son dévolu sur lui pour occuper ce poste très convoité. Entre-temps, les bons offices de Faure Gnassingbé, beau-frère de Marcel de Souza ont milité en sa faveur. Ses qualités intellectuelles indéniables aussi. Mais l’élément le plus déterminant, c’est bien les liens de parenté qui l’attachent à Boni Yayi. Ce dernier, de plus en plus seul, a fait la part des choses entre la politique et la famille.
« Quand le feu gagne la forêt, l’animal court vers la rivière ». Humilié dans les urnes, abandonné par certains de ses partisans, le chef de l’Etat, à quelques jours de la fin de son mandat, vit d’intenses moments de solitude. Et c’est tout naturellement qu’il s’est tourné vers le cercle familial en quête de réconfort. C’est donc un homme éprouvé qui, après avoir satisfait tant bien que mal la foule des laudateurs opportunistes, fait un clin d’œil au cercle familial, le dernier carré qui ne peut le rejeter. Marcel de Souza qui a défendu bec et ongles le fameux KO de 2011 tient enfin sa récompense.

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Moïse DOSSOUMOU (Éditorialiste, Quotidien Fraternité)

 



24/03/2016
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