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Bénin : Le gouvernement dans l’étau ?

Montée de la pression syndicale

Le gouvernement dans l’étau ?

Bientôt, la Fesyntra-finances et les plus grandes centrales syndicales du pays seront au front pour exiger du gouvernement, soit le maintien des acquis décrochés par les travailleurs, soit pour tenter d’obtenir la signature d’un décret portant revalorisation salariale au profit de tous les agents de l’Etat. Espérant que les Syndicats allaient desserrer l’étau autour de lui suite à l’annulation par la Cour constitutionnelle du décret instituant une revalorisation salariale uniquement au profit des agents de l’Etat du Ministère de l’Economie et des finances, le gouvernement devra plutôt s’attendre à faire face à une montée de la pression syndicale.

D’autant plus que les centrales syndicales tout comme la Fesyntra-Finances s’apprêtent à déclencher des actions comme la Coalition des organisations syndicales de l’administration publique (Cosynap). Ainsi après avoir soutenu par des déclarations, les mouvements de grève lancés la Cosymap, la Cgtb de Pascal Todjinou, la Cstb de Gaston Azoua, la Cosi de Georges Kakaï Glèlè, la Csa-Bénin de Dieudonné Lokossou veulent rejoindre les grévistes. Si les concertations entre les leaders syndicaux n’ont pas encore débouché sur les moyens de lutte à emprunter, il ressort de certaines indiscrétions que tous vont se mettre ensemble pour mener des actions dans les jours à venir. Lors de son passage sur la télévision privée Canal3, le dimanche 26 juin 2011, Pascal Todjinou a presque planté le décor en annonçant que le gouvernement doit s’attendre aux conséquences des actes qu’il a posés en cherchant à se refugier derrière la décision de la Cour constitutionnelle pour rapporter sa décision de relèvement du point indiciaire au profit des agents du Ministère de l’Economie et des finances. Allusion bien entendu faite au décret 2011-335 du 29 avril 2011 instituant le coefficient 1.25 de revalorisation de leurs traitements indiciaires. Ces mesures ont été annulées par la Cour constitutionnelle alors qu’elles ont commencé par produire leurs effets. Selon les centrales syndicales, le gouvernement a retiré tactiquement par une main ce qu’il avait donné de l’autre. Mais en fait, les choses ne devraient pas se passer de cette manière. Pascal Todjinou rappelle que la signature de ce décret avait rencontré l’adhésion des syndicats à la base, de même que les centrales syndicales à condition que les mesures y contenues s’étendent progressivement aux autres travailleurs. Le constat aujourd’hui, c’est que le régime du Changement n’a pas tenu compte des discussions qui ont été menées dans ce sens. C’est pour cette raison que la Cosynap a aussitôt brandi le poing pour réclamer un traitement équitable et juste. Malgré la décision de la Cour qui doit amener le gouvernement à rapporter sa décision, elle ne fléchit pas.

Du renouvellement à l’amplification de la grève

A compter de ce jour (mardi 28 juin), la Cosynap reconduit la motion de grève. Une stratégie qui exprime clairement que ses actions ne sont pas dirigées contre les travailleurs du ministère de l’Economie et des finances. Elles visent le gouvernement qui a du mal à se tirer d’affaire. Il doit à ce titre gérer la pression déjà exercée par la Cosynap, bientôt par la Fesyntra-Finances et les centrales syndicales. Si on considère que la Cosynap est le regroupement des syndicats de base affiliés aux différentes centrales syndicales, l’entrée en lice de ces dernières ne va pas pourtant paralyser d’autres secteurs en dehors de ceux qui observent les mouvements de grève actuellement. Le débrayage épargne pour le moment l’Enseignement, la Police nationale, l’Armée et la santé. Il concerne par contre 22 ministères sur les 26 que compte le pays. Ce qu’il faut craindre dans cette situation qu’on vit, c’est l’entée en lice des agents de l’Etat de la santé. Leur centrale mère la Cosi soutient la grève depuis son déclenchement, mais elle est réticente à se joindre au mouvement. L’implication des centrales syndicales pourrait alors la pousser à entrer également en grève. Ce que personne ne souhaite. Si par extraordinaire, la santé était touchée par le mouvement, et que la Fesyntra-Finances reprenait du poil de la bête pour exiger que le décret pris au profit de ses agents soit sauvé, le gouvernement n’aura qu’à s’en prendre à lui-même pour avoir négocié directement avec des groupes de syndicats au lieu de maintenir le dialogue avec les centrales syndicales. Il est passé maître dans l’art de cette pratique qui se révèle contre- productif pour lui. C’est d’ailleurs une ouverture que la Cosynap a voulu exploiter pour se faire entendre. L’expérience du Syndicat des trois ordres de l’enseignement, celle de la Fesyntra-finances inspirent d’autres à se prendre en charge. D’où on assiste à une multiplication des coalitions de syndicats qui ont l’étoffe des centrales syndicales. Se reconnaissent à travers elles, les travailleurs respectant les mots d’ordre de grève et font échec aux manœuvres de déstabilisation du gouvernement. La paralysie qui touche depuis quelques jours la quasi totalité de l’administration publique en est la parfaite illustration. L’espoir du gouvernement, c’est de voir la Cosynap desserrer les poings, alors qu’il ne l’avait pas reconnu en tant qu’interlocuteur jusqu’à établir le dialogue avec elle. Maintenant qu’il est en face de la réalité dans les services publics, il exprime dans un communiqué du Conseil des ministres, son souhait de nouer de nouvelles relations avec ces syndicats qui comptent négocier directement, alors qu’au même moment les centrales syndicales ne souhaitent pas l’existence de liens étroits entre le pouvoir et leur base. On se demande comment le gouvernement va-t-il réussir à sortir de ce labyrinthe. Car, son discours selon lequel, il faut reprendre sans délai les négociations collectives avec les centrales en vue de rassurer le monde des travailleurs, de remettre à plat les revendications sociales en vue de prendre des mesures équitables au profit de tous les travailleurs sans discrimination aucune et de planifier à court, moyen et long termes sur une période de cinq ans les avantages et autres droits à consentir aux travailleurs, semble sonner creux. 'p'
LE MATINAL



28/06/2011
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